Mon chien sait lire

 

            Mon chien sait lire : évidemment, vous ne me croyez pas.

            Catherine non plus ne me croit pas. C’est parce qu’elle ne sait pas observer. Moi qui sais observer, je vais vous expliquer.

 

            Dans la bibliothèque se trouvent deux guides Michelin à la portée de Po-Paï. Le premier guide concerne Les Vosges, le deuxième : Rome, capitale de l’Italie. A chaque fois qu’il saisit ces deux guides, c’est Rome qui a droit aux coups de dents. Comme si cette ville remplie de soleil n’était pas faite pour accueillir les chows-chows : trop de chaleur, trop de circulation, trop de pollution. D’autre part, dans certains quartiers louches, on dit qu’ils préparent une sauce tomate avec des viandes douteuses ; pourquoi pas avec celles de chows-chows ?

Les Vosges n’ont jamais été attaquées par Po-Paï. Curieusement, ce guide est resté intact. Un peu comme si ces montagnes anciennes qui baignent dans un climat de fraîcheur étaient tout indiquées pour accueillir les chows-chows.

Entre Rome et Les Vosges, Po-Paï ne s’est pas trompé.

 

Il y a une carte routière qui a été mise à rude épreuve. Je pense qu’elle ne résistera pas au prochain assaut de Po-Paï. C’est la carte d’Afrique.

 

Je suis certain que mon chien sait lire. Dans le prochain exemple, il n’y a plus de doute possible. Dans le tas de livres où puise habituellement Po-Paï, se trouvent deux ouvrages autoédités. Le premier a été fait par un collègue écrivain qui raconte une sombre histoire d’une dame défunte dans des conditions suspectes. Cet ouvrage ne m’a pas vraiment plu. Po-Paï n’a pas apprécié non plus : il l’a entièrement détruit.

L’autre ouvrage s’intitule « Marie Jolie ». J’en suis l’auteur. Non seulement il est resté intact mais en feuilletant les pages, j’y retrouve la trace de la langue de Po-Paï. Je sais à quel endroit il a arrêté la lecture du livre la dernière fois : c’est là où les pages sont les plus collées entre elles.

« Marie Jolie » est un livre tendre, candide et frais comme l’est Marie, petite fille de quatre ans, héroïne de ce livre. Po-Paï est très sensible à la beauté des textes et pour bien me manifester son appréciation, il en a léché les passages les plus émouvants. L’encre est de bonne qualité car elle a tenu bon, quelques traces simplement sont décelables. Ceci n’a absolument aucune importance quand on a un chien qui possède une langue bleue.

 

Mon chien sait lire : voulez-vous une dernière preuve ?

 

Hier, j’ai laissé un feutre sur la table basse du salon. Il n’y est plus. C’est Po-Paï qui l’a subtilisé.

 

 

Pour faire des annotations, j’en suis sûr.