J – 10

 

25 avril : dix jours jusqu’au 5 mai. A partir de tout de suite, comme dans les situations à suspense, je peux commencer mon compte à rebours : 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, top ! Je vis ma période prénatale en quelque sorte. C’est ma période de grossesse d’écrivain, j’attends devant ma page blanche, stylo au doigt, que Tu veuilles bien entrer en scène pour que je puisse raconter. Nous sommes à « J » moins dix.

            Où Te trouves-Tu en ce moment, pauvre toutou que nous allons séparer de ses parents ? Tu auras au moins passé deux mois auprès de Ta maman et brutalement, nous allons détruire Ta paisible quiétude. Tu vas assurément nous bouder, nous haïr peut-être et Tu serais pardonnable. Cette adoption démarrera par une cruelle séparation pour Toi. Ces étrangers que nous sommes encore pour Toi feront de leur mieux pour compenser la chaleur du premier lit familial.

 

            Il ne reste plus que dix fois vingt-quatre heures avant de voir chacun de mes gestes quotidiens conditionnés par Ta présence. J’ai vraiment l’impression d’attendre la venue d’un enfant et je soupçonne que pour Catherine c’est tout à fait pareil. Bien avant que Tu n’arrives, Tu as déjà instauré une note de charme au sein de notre couple grâce à ce billet doux.

            La désignation du nom de Ta race, chow-chow, Te prédestine assurément à devenir le chouchou de la famille. Tâche de ne pas trop m’éclipser aux yeux de Catherine car nous ne rivaliserons pas sur le même pied d’égalité : Tu en as quatre, je n’en ai que deux.

            Pour garder Ton statut de vedette, il faudra assurer. Peu de chiens peuvent se targuer d’être le personnage central d’un livre avant même d’avoir commencé à évoluer. Tu es la tête d’affiche et pour Ton numéro, Tu as intérêt à ne pas décevoir Ton public. Ta prestation devra être de haut niveau sinon… Nous n’irons peut-être pas jusqu’à Te rendre à Tes parents en braillant remboursez ! mais méfie-Toi quand même.

 

 

            Je plaisante, bien entendu. Qui que Tu sois, nous T’aimerons.