
Heureux ?
C’est quoi « heureux » ?
Heureux, heureux… Qu’est-ce que ça veut dire « être
heureux » ? Moi Po-Paï, je ne me pose même pas la question. Si je t’en parle
Raï-Ma, c’est parce que le mot « heureux » est souvent prononcé par les humains.
C’est un sujet que je les entends souvent évoquer.
Dans le passé, j’ai déjà donné mon point de vue sur
le bonheur. Parler du qualificatif « heureux », c’est du pareil au même. Etre
heureux est un état auquel les représentants de l’espèce humaine ont apparemment
du mal à arriver. Moi, ce n’est pas mon cas. Vous voulez que je vous explique
comment je parviens à être heureux ?
Allons-y !
En fait, je n’ai pas à « parvenir » à être heureux
puisque je le suis. S’il me fallait faire un effort pour devenir heureux, ce ne
serait plus être heureux. Restons rationnels. C’est l’évidence, c’est du bon
sens, y’a pas à réfléchir. Si vous me faites réfléchir pour être heureux, c’est
comme si vous vouliez fabriquer un marteau pour planter un clou et que vous vous
aperceviez que pour construire le marteau, il vous faut des clous.
Vous me suivez ? En tout cas, je viens de vous
prouver que trop réfléchir ne conduit pas à un état heureux.
Bon !, assez de tracasseries. Heureux ? Bien sûr que
je le suis. Vous voulez que je le prouve également ? C’est très simple : il n’y
a que lorsque je suis malheureux que je m’aperçois que j’ai été heureux.
Vous avez du mal à suivre aussi ? Hé !, dites donc,
je vous ai dit qu’il ne faut pas trop réfléchir mais il y a un minimum à fournir
tout de même. Toi Raï-Ma, tu as compris n’est-ce pas ?
Je suis malheureux quand on me dérange dans mon
sommeil. Quand je ronfle et que quelqu’un fait plus de bruit que mes propres
ronflements, je suis vexé. Parfois, ces perturbations ont failli me rendre
malheureux car en me rendormant trente secondes après, je n’arrive pas à
retrouver le même rythme de ronflement. Le sommeil c’est comme le bonheur :
c’est lorsqu’on n’est pas plongé dedans que l’on s’aperçoit qu’il y a des gens
fatigants.
Autre exemple Raï-Ma : mes croquettes. S’il n’y a
qu’elles, ce n’est pas la joie. Si elles ne baignent pas dans un peu de sauce,
s’il n’y a pas une tranche de jambon à côté, une saucisse ou n’importe quoi de
vraiment bon, je me sens un peu malheureux à contempler ces croquettes
tristounettes. Souvent, lorsqu’il n’y a rien d’autre que mes croquettes, je
préfère ne pas manger. Plutôt qu’être à moitié heureux, je préfère ne pas être
heureux du tout.
Heureusement que François est là pour m’agrémenter
clandestinement mon menu « croquettes » triste au possible. Lorsque Catherine
est là, je fais semblant d’apprécier ses croquettes et rien que ses croquettes.
Je ne suis pas malheureux mais avec François, c’est quand même mieux. Vois-tu
Raï-Ma, être heureux c’est aussi préserver un jardin secret.
En dehors de cela, qu’est-ce qui pourrait me rendre
malheureux ? Mes pipis ? Mes cacas ? Ne revenons pas là-dessus, c’est un sujet
qui a été largement débattu à ce jour. Si je vous fais patauger encore
là-dedans, nous n’allons pas faire que des heureux.
Que reste-t-il donc ? Bah !, plus rien. En somme, moi
Po-Paï, j’ai très peu d’occasions d’être malheureux. Donc, il y a de grandes
chances que je sois souvent heureux.
Po-Paï
Nice, le 28/11/01

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