ANNICK ET TINOU

 

 

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Les préliminaires

 

            Dans le domaine de l’amour, les préliminaires sont très importants. C’est la grosse différence qui existe entre le comportement d’une bête et celui d’un homme. La délicatesse de l’approche amoureuse conditionne fondamentalement la qualité des instants de bonheur. C’est ce que nous appelons la « phase de séduction » chez les êtres humains et la « parade amoureuse » chez les animaux.

 

            C’est parce que je suis femme que ce cérémonial revêt autant d’importance à mes yeux. Un homme attentionné et romanesque ne négligera pas non plus ce préambule à tout acte de concrétisation quel qu’il soit, même s’il s’agit d’un simple baiser. A toutes les époques, ces instants préliminaires ont été chantés et dans toutes les aventures amoureuses, ce sont bien ces moments fastueux dont on se souvient et qui sont les seuls mis en valeur dans une romance digne de ce nom. Peut-on seulement parler d’amour, s’il n’y a pas de préliminaires ?, je vous le demande ! Moi, Annick, je ne saurais tolérer qu’un goujat vienne saboter ces instants de raffinement que seuls les aristocrates de l’amour expriment dans la noblesse de leur comportement !

            Ma chow-chounette Laska était une aristocrate de l’amour.

            Aujourd’hui encore, si un homme n’a pas le minimum du comportement d’un chow-chow, je le vire ! Je ne leur demande pas d’avoir toutes les qualités du chow-chow, c’est impossible. Un homme aussi superbe qu’un chow-chow, cela n’existe pas, il ne peut y avoir que de vagues similitudes. Et de toute façon, je vais vous faire une confidence : j’ai horreur des hommes poilus ! J’aime les hommes attentionnés… comme un chow-chow. Pas attentionné comme un valet de pied servile, comme une ventouse dont on ne peut se défaire, non ! Attentionné comme un chow-chow, c’est-à-dire qu’il reste suffisamment distant pour savoir se faire désirer, qu’il regarde sans avoir l’air de regarder, qu’il ait un redoutable sens de l’observation tout en ayant l’air indifférent et qu’il manifeste une présence discrète sans vous coller aux jambes. Je n’aime pas considérer les hommes comme des larbins et pourtant, j’exige qu’ils soient attentionnés. A eux de comprendre.

 

            Pas facile de ressembler à un chow-chow quand on est homme…

            Ne croyez surtout pas que je suis en train de rédiger une annonce à une agence matrimoniale afin de trouver l’homme idéal. Si je vous entraîne dans ce descriptif très « chow-chowesque » concernant les hommes, c’est parce que je suis très habituée à ce rituel amoureux bien qu’étant jeune encore. Blasée je suis, dites-vous ? Détrompez-vous : personne n’est jamais blasé en matière d’amour. Et pour bien vous prouver qu’un cœur de femme est, toute sa vie durant, réceptif à l’élégance, la courtoisie, la séduction, la prévenance, la distinction, la beauté, la prestance et la tendresse aristocratique, voici le descriptif d’un scénario de préliminaires amoureux qui restera à jamais gravé dans mes souvenirs les plus précieux. Anodine au départ, cette situation cristallise dans mon esprit toute la noblesse du comportement d’un être cher.

 

            Quand un chow-chow donne son amour, c’est pour toujours et c’est quelque chose de très profond. Mais pour arriver à une telle osmose, que c’est compliqué ! Il faut marcher dans la combine du chow-chow, ne pas le froisser, le respecter, en être gaga en somme.

            Nous sommes en 1984, ma chow-chounette noire Laska a trois ans. Je vivais alors chez mes parents qui me gardaient Laska. Nous avions une terrasse et un jardin clôturé. Le portillon d’entrée était situé à une vingtaine de mètres de la terrasse. Lorsque je rentrais du travail à 12h30 précises, ma chow-chounette le savait et m’attendait sur la terrasse dans la position du sphinx. J’arrêtais la voiture, coupais le moteur et en descendais. J’aurais pu dire simplement : je garais mon véhicule dans la rue. Si je vous décompose ces gestes élémentaires, c’est pour bien vous montrer que j’avais tout le temps d’effectuer cette manœuvre sans que la situation précédente ne change, sans que des jappements se fassent entendre. En effet, Laska restait calmement allongée dans sa position initiale. Un vague coup d’œil vers la barrière, mais pas un geste…

            Vous savez ?, un de ces regards blasés typique au chow-chow et qui signifie : « Ah !, c’est toi ? »

            J’avais tout le temps de refermer la portière de ma voiture sans pour autant sentir autour de moi une joyeuse excitation. Dans le cas présent, il y aurait eu débordement d’affection pour tout autre chien. Il est vrai aussi que le chow-chow n’en est pas un…

 

            J’ouvre le portillon : toujours rien. Je le referme : rien !, encore rien ! Je m’avance vers la terrasse en traversant le jardin : Laska se lève, ne descend pas de la terrasse mais la parcourt comme quelqu’un qui fait les cent pas. Je m’approche d’elle et lui tends la main : inspection olfactive en bonne et due forme. Toujours avec calme et circonspection… Pas de stress, pas d’excitation idiote, pas d’effusions inutiles. Sérénité, pondération et distinction au programme. Avec Laska la chow-chounette, le protocole doit être rigoureusement respecté.

Au bout d’un moment, je lui demande :

            « Alors, on peut toucher le chow-chow ? »

            Le panache commence à s’agiter, un halètement se fait entendre et Laska commence à se tortiller sous les caresses. Nous l’avons gagné toutes les deux notre moment d’extase.

 

            J’aurais pu court-circuiter tout ce cérémonial, aller directement la caresser et aller manger vite fait. Je me serais privée alors d’un très grand bonheur car le savoir-vivre et la discrétion chowesques rendent encore plus intense l’amour qui unit Laska et moi. Entrer dans son jeu, c’était la mettre en confiance, la comprendre, enfin : l’aimer tout simplement.

 

 

            Et Dieu sait si je l’aimais !…

 

 

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Mon Tinou dans le trou

 

            Les balades avec Tinou étaient calmes et tranquilles. Je les faisais le plus souvent en pleine campagne avec une amie et nous discutions pendant que Tony lisait son journal et furetait de droite et de gauche.

            Tony lisait son journal… Voilà une expression que j’utilise couramment depuis que j’ai pris très régulièrement connaissance des livres consacrés à Po-Paï. C’est tout à fait la locution qui s’adaptait au comportement de mon Tinou lorsqu’il faisait son relevé d’odeurs et qu’il marquait son passage par un bref jet d’urine signifiant : « Message bien reçu ! »

            Je promenais Antony des Monts d’Eron (Tinou pour les intimes) avec une laisse de trois ou quatre mètres de long ce qui lui permettait de ne pas être toujours collé à sa maîtresse et avoir ainsi un peu d’indépendance pour décrypter les nouvelles les plus laconiques. J’évitais de le laisser en liberté car sous les taillis, on distinguait très mal sa superbe fourrure noire.

 

            Ce jour-là, nous suivions un petit sentier avec, d’un côté des champs et de l’autre, des talus et fossés. Un gros besoin se faisant ressentir, je vois mon Tinou chercher son coin, commencer à flairer l’entrée d’un champ, renoncer, aller sur le côté de ce champ, commencer à fouiner, dans un sens, dans l’autre, monter le long d’un talus, tournicoter et… boum !

            Plus de Tinou !

            Il était tellement noir qu’il est devenu invisible. Noires - c’est-à-dire ivres -, mon amie et moi ne le sommes pas non plus. Nous n’avons pas rêvé : Tinou était là et il n’y est plus ! Heureusement que je le tenais en laisse.

 

            Mon pauvre chow-chow est parti dans une glissade arrière et se retrouve au fond d’un fossé, pattes avant écartées. Et quel air ! Un air abruti, penaud, langue pendante, désappointé au possible. Il me regarde sans bouger et dans ses yeux je lis une immense détresse :

            « Tire-moi de là, tu vois bien que je suis coincé ! »

            J’ai d’abord ressenti la peur en moi, celle qui fait battre le cœur, qui vous rend inquiète, voire paniquée. Maintenant que j’évoque cette situation, je ne peux m’empêcher de me remémorer cette historiette consacrée à Po-Paï et qui parle de « techniques trigonométriques ». Tinou aussi a voulu se trouver dans cette fameuse ligne de plus grande pente afin de faire dégouliner ses crottes le long d’un plan incliné. Là où il n’a pas eu de chance, c’est qu’il y avait un deuxième plan incliné de l’autre côté, plus abrupt celui-là.

Lorsque je me suis rendu compte que le trou n’était pas profond, le fou rire a fusé. Nous ne pouvions plus nous arrêter, mon amie et moi. De voir l’expression déconfite de ce pauvre Tinou tout noir, au fond de son trou tout noir, alors que je venais d’avoir l’espace d’un instant des idées noires, je vous l’écris noir sur blanc : ri !, nous avons ri comme des folles !

 

            Nous avons tiré Tinou de sa fâcheuse posture. Il s’est remis à trottiner en danseuse comme seuls savent le faire si élégamment les chows-chows. Par vexation aussi, sans doute. Vexation, car l’envie de faire le besoin a été stoppée net ! Plus question de relancer la machinerie subtile du transit intestinal.

 

 

            Brave Tinou ! Pour me plaire, Tu as toujours voulu atteindre des sommets.

 

 

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Première rencontre

 

            Il y a comme ça, des gens ou des choses qui vous marquent dans la vie. Comme beaucoup de femmes, c’est un mâle qui a laissé sur moi une empreinte indélébile…

            Si je démarre par deux phrases aussi sentencieuses, c’est pour bien vous montrer que je n’en ai pas tout de suite pris conscience. C’est en recherchant des thèmes d’historiettes que je m’en suis vraiment rendu compte. En faisant cet exercice de mémoire, je me suis aperçue qu'il y a des « situations-clé », appelons-les ainsi. Les deux premières anecdotes que je vous ai racontées m’ont permis d’enclencher un mécanisme de réflexion. Les passages les plus marquants de mon existence sont ceux qui vont suivre.

 

            Elle avait 78 ans.

            Lui (le chow-chow), avait un an et demi.

            Elle était menue, frêle et fragile.

            Il (toujours le chow-chow) était fort, sain et vigoureux.

            Elle était solitaire, sensible, aimante et faible.

            Il (encore le chow-chow) était tout son amour, toute sa vie.

 

            Elle, Hélène, avait donc un magnifique chow-chow noir, Antony - dit Tony, dit encore Tinou - qui était toute sa vie et son amour et avec lequel elle avait toutefois quelques petits problèmes au niveau du comportement.

            Moi, Annick, je venais de perdre le chow-chow de ma vie, Laska, jolie femelle noire aussi. Ma douce Laska me manquait et je déprimais malgré la présence réconfortante de mon merveilleux berger allemand de 8 ans, Orly. Nous sommes fin septembre 86.

            J’habitais à l’époque à Coutances (dans la Manche) chez. mes parents qui étaient propriétaires d’une petite maison à Agon-Coutainville où nous passions l’été. L’hiver, il m’arrivait très souvent d’aller passer des week-ends dans cette maison avec Orly. Nous faisions de belles promenades dans les dunes et avons sympathisé avec une dame (Marthe) qui promenait également son chien, un boxer nommé Ulysse. Orly et Ulysse étaient les meilleurs copains du monde et, quelques mois après avoir perdu Laska, Marthe m’a parlé d’un chow-chow…

 

            C’est dans ce contexte et cet état d’esprit que je fis la connaissance d’Hélène et de son petit Tony. Au travers d’une petite barrière, j’ai engagé ma première conversation avec Hélène qui a très bien compris le sens de ma démarche et qui ne m’a pas repoussée, je lui en suis infiniment reconnaissante. Tandis que nous discutions ainsi, Tony sautait, dansait en me donnant mille démonstrations de joie, de tendresse, d’accueil chaleureux, réclamant sans cesse des caresses que je lui prodiguais au travers des barreaux. Je n’avais encore jamais vu un tel enthousiasme de la part d’un chow-chow !

            Maintenant, je pose la question suivante : le « coup de foudre » qui naît entre les humains, peut-il également exister entre un humain et un chien, voire un chow-chow ? Ce qui s’est passé entre Tony et moi ce jour-là, je ne peux le décrire avec de simples mots. C’était tellement profond, émouvant, fort, subit, merveilleux ! C’était comme un éclair, un flash, une télépathie, quelque chose de très doux et de très chaud comme si l’esprit toujours présent en moi de ma petite Laska avait fait sur Tony le transfert de tout l’amour qu’elle me portait, à charge pour Tinou de me le rendre au centuple. C’est ce qu’il a fait par la suite mais au cours de cette première rencontre, je suis persuadée qu’Il savait déjà que j’allais l’aimer très fort et m’attacher à Lui. Ils savent ces choses-là, eux, les chows-chows qui ont tant besoin d’affection sincère et désintéressée de la part des humains. Nombre d’entre eux ont tellement été déçus sur ce plan. Mais Lui, Tinou, dans sa sagesse asiatique, Il savait qu’Il ne se trompait pas.

 

            Que d’émotions pour moi ! J’en avais les yeux pleins de larmes. Quelques minutes plus tard, Hélène me fit entrer dans sa maison et asseoir dans un fauteuil. et là… Lui, le superbe chow-chow, Lui le pataud, Lui le « tout-fou » n’a rien trouvé de mieux que de sauter sur mes genoux et de s’y tenir assis fièrement. Pas très pratique pour discuter avec son vis-à-vis en ayant cette grosse touffe de poils noirs devant le visage : on parle dans le noir et on n’y voit que du noir. Mais pour moi, c’était le summum du bonheur, l’extase morale !

            Alors, avec beaucoup d’attention, j’écoutais Hélène me raconter ses petits ennuis avec Tony. Elle ne pouvait plus le promener, il était trop fort pour elle. Pauvre petit bout de femme, elle ne pesait que 35 kilos ! A l’âge de six mois, Tony l’a entraînée à travers les ronces, dans une bagarre avec une chèvre. Hélène, qui n’avait pas voulu lâcher son chien, était au bord de la syncope. Heureusement, quelqu’un est venu l’aider juste à temps mais depuis cette aventure, elle n’a plus jamais promené Tony.

Elle payait des jeunes pour le sortir trois à quatre fois par semaine. Mais ce n’était pas toujours les mêmes et on sait bien que les chows-chows aiment la régularité dans leur rythme de vie et dans les personnes qui les entourent et qui constituent la « meute ». Or, Tony n’avait pas cette régularité et il perdait peu à peu ses repères devenant le « chef de meute » et à ce titre, dominant sa petite maîtresse qui était catastrophée de ne pouvoir en venir à bout. Il l’a même mordue une fois mais… chut !, nous ne sommes pas là pour parler des sottises de Tinou mais pour parler d’amour, l’amour qui allait nous unir, Lui et moi au travers d’Hélène.

 

J’ai donc proposé de sortir Tony tous les week-ends et je l’emmenais aussi chez le vétérinaire pour les vaccins ou son eczéma. Je le brossais et lui préparais parfois ses gamelles. Hélène était heureuse. Je venais aussi beaucoup pour elle car elle avait besoin de présence, de parler et d’affection surtout. Après chaque ballade avec Tony, je restais une heure avec elle et l’écoutais me raconter sa vie avec compassion : la guerre, la perte de son premier enfant, le décès de son mari, le chien qu’elle avait avant Tinou, etc. J’avais beaucoup de respect pour elle et énormément d’attachement. J’avais trouvé une amie et un chow-chow selon mon cœur.

 

 

Ce bonheur a duré 3 ans car Hélène m’a quittée le 28 décembre 1989 et la vie s’est écroulée autour de moi.

 

 

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Cas de divorce

 

            La santé d’Hélène était plus que précaire : elle ne mangeait presque pas, c’était Tinou qui mangeait à sa place. Elle souffrait d’hypertension et a fait de l’œdème. Hélène a toujours refusé d’aller à l’hôpital à cause de Tony.

            Hélène était très consciente de son état. Elle m’a dit un jour qu’elle ferait les papiers nécessaires pour que Tony soit euthanasié si elle venait à disparaître. J’étais déjà très attachée à Tinou et j’ai promis à Hélène que s’il arrivait quelque chose, je le prendrais avec moi. Combien de fois ne m’a-t-elle pas répété : « Il vous aime, il est autant à vous qu’à moi » ?

 

            Hélène a été trouvée dans le coma, par terre dans sa salle à manger, par la petite aide-ménagère qui venait tous les jours lui préparer ses repas. Le soir de l’enterrement, je ramenais Tinou chez moi. Il était heureux et tout fou de me voir.

            Précédemment, je vous ai avoué qu’un mâle a laissé sur moi une empreinte indélébile. En effet, j’étais mariée depuis quelques mois au moment du décès d’Hélène. Dès le premier soir, Tinou s’est jeté en grognant sur Jean-Pierre (mon mari) au moment d’aller se coucher. Mon époux a juste eu le temps de refermer la porte de la pièce où il se trouvait pour éviter la morsure…

            Première nuit d’angoisse au cours de laquelle il a été décidé de donner Tony à Gérard, le fils d’Hélène, ce qui fut fait et me brisa le cœur. N’importe quelle femme mariée qui doit choisir entre son homme et un chien, n’a pas à hésiter - même s’il s’agit d’un chow-chow ! - Notre couple n’allait déjà pas très bien et cet épisode n’a pas arrangé les choses.

            La mort dans l’âme, j’ai conduit Tony chez Gérard. Mon Tinou qui me faisait confiance ! Je l’ai trahi ! Je n’ai pas respecté la promesse faite à sa maîtresse ! Femme indigne que je suis !

 

            Excusez-moi… J’arrête d’écrire un instant… Les larmes sur l’encre font des taches sur le papier… Faut attendre que ça sèche… Excusez-moi… Je vous laisse… Je ne peux pas continuer…

 

 

            Donc, le lendemain, Tinou partait chez le fils d’Hélène. Quelques jours après, Gérard m’a rappelé pour me demander si je ne pouvais pas reprendre Tony : il ne pouvait plus le garder car il se bagarrait en permanence avec le chien qu’il possédait déjà. Je lui ai demandé un petit délai pour trouver une solution. Il n’a pas voulu patienter et est allé abandonner Tony au refuge de Fermanville.

            Là, Tony devenait furieux et tout le monde avait peur de lui. Quand j’ai ouvert la porte de sa cage, il n’a pas sauté. Il était tout hébété et il a tiré pour aller vite à la voiture. Je suis sûre qu’il a pensé :

« Elle est revenue, je suis sauvé ! »

 

            Hélas !, la solution provisoire c’était une pension canine à 18 kilomètres de chez moi où j’allais le chercher chaque week-end et chaque jour férié.

 

            J’ai ensuite bien réfléchi…

            J’ai divorcé !

 

 

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J’ai choisi

 

 

            Oui Jean-Pierre, l’empreinte indélébile, ce n’est pas toi qui me l’auras laissée. C’est Tinou qui symbolisera pour toute ma vie l’Amour, avec ses joies, ses trahisons, ses tiraillements, vicissitudes et sérénité partagés.

 

            Pardonne-moi Jean-Pierre, j’avais déjà quelqu’un dans ma vie avant de te connaître. Je ne savais pas à quel point ce « quelqu’un » comptait pour moi. Je ne savais pas non plus qu’il allait devenir ton rival direct. Je ne pouvais pas le deviner car vous n’avez pas tous les deux la même constitution anatomique et je ne vivais pas avec Tinou l’amour physique comme celui que j’étais censée vivre avec toi. Par contre, au niveau de mon cœur, c’était la même chose. Avec le sexe, on peut tricher ; avec le cœur, jamais !

 

Pardonne-moi Jean-Pierre de ne pas avoir voulu tergiverser outre mesure. Nombreuses sont les personnes qui jugeront ma décision scandaleuse mais je n’en ai cure. J’ai souhaité seulement rester fidèle aux élans de mon cœur. Seule une femme pourra me comprendre. Ne rejette pas pour autant toutes les femmes, Jean-Pierre, car tu risqueras de terminer misogyne et de vivre en reclus. Tu es déjà un introverti au comportement à tendance dépressive et une expérience comme celle-ci ne peut que te rendre encore plus acariâtre.

 

            Et tout compte fait, je me demande bien pourquoi je te supplie de me pardonner ! Je suis complètement idiote de me traîner ainsi à tes pieds en implorant ton pardon !

 

            Pour mon mariage, Tinou et Hélène n’étaient pas d’accord en réalité. Le premier te l’a fait savoir par quelques grognements persuasifs lorsque tu cherchais à l’amadouer. Tu as vite renoncé mon Jean-Pierre car tu es un intellectuel et le courage n’est pas ta qualité première. Tu as choisi la profession d’enseignant mais tu n’as jamais su que certaines choses ne s’apprendront jamais à l’école : l’affection instinctive, par exemple.

            En ce qui concerne Hélène, femme d’expérience et intuitive par excellence, elle m’a souvent répété que tu n’étais pas un garçon pour moi. Elle trouvait que tu avais un regard trop dur, elle t’a jugé trop rigide, trop renfermé. Elle a fait encore des tas d’observations que je me garderai bien de te rapporter par égard pour toi. Tu ne sortais pas grandi de cette analyse. Moi, je ne voulais rien entendre : j’étais amoureuse de toi. J’ai toujours pensé que l’Amour réglait tous les problèmes. Je n’ai oublié qu’un détail : j’étais déjà amoureuse… de Tinou.

 

            Jean-Pierre, tu n’as pas su te faire aimer d’un chow-chow et c’est grave. C’est un cas de divorce. Puisque la loi n’a pas encore prévu pareille éventualité, j’ai préféré prendre tous les torts à ma charge. Je te quitte, je pars avec mon Tinou, reste dans ton monde.

            Nous aurions pu vivre tous les trois sous certaines conditions.

 

            Je ne te demandais pas d’être aussi beau qu’un chow-chow, je sais que pas un seul homme sur Terre ne peut réaliser pareille prouesse. « Somptueux, majestueux, splendide, magnifique » : de tous ces qualificatifs que l’on attribue habituellement aux chows-chows, aucun n’aurait pu t’être concédé, mon pauvre Jean-Pierre. Tu es distant et froid mais j’avais décidé d’apprécier d'autres qualités chez toi.

            J’appréciais ton instruction. J’ai toujours pensé que les gens cultivés avaient davantage de sensibilité que les autres. Je dois reconnaître que tu as une dose de savoir appréciable mais je n’ai jamais constaté chez toi la manifestation première de l’intelligence : se faire aimer ! Vu sous cet angle, un chow-chow est donc nettement plus futé que toi.

            Lorsque Tinou était enfermé au refuge, il était bien moins dépressif que toi ; toi, tu l’es en permanence. Tinou manifestait sa tristesse par la méchanceté ; toi, tu ne montres pas ta révolte, elle est enfermée en toi et tu es donc nettement plus dangereux qu’un chow-chow en furie.

            Tu as voulu masquer ton égoïsme sous forme de déclarations affectées. Lorsqu’un chow-chow me snobe, je ris ; lorsque c’est toi, je suis affligée.

J’ai choisi Tinou pour naviguer sur mon océan de félicité. A cause de toi, Jean-Pierre, j’ai failli ne pas respecter mes engagements. La promesse que j’ai faite à Monsieur le Curé le jour de notre mariage n’a aucune commune mesure avec celle que j’ai faite à Hélène. Je me reproche aujourd’hui d’avoir quelque peu hésité à cause de tes démonstrations, ton côté persuasif, rationnel, intransigeant et ô ! combien dénué d’humanisme.

 

            Pars, Jean-Pierre ! Sois heureux.

 

 

            J’ai choisi…

 

 

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Mon Tinou

 

Quand Tu as quitté ce monde dans un dernier spasme de douleur,

Je suis restée désemparée devant Ton corps sans vie.

J’ai alors compris qu’il me fallait renoncer à ce bonheur

De T’avoir près de moi à chaque instant de ma vie.

 

Passe alors dans mon cœur le défilé sans fin

Des souvenirs d’amour, de tendresse et de confiance

Qui ont embelli et sublimé chaque matin,

Mettant dans ma vie le bonheur et la chance.

 

Toi, mon chow-chow que je connaissais

Comme personne ne T’a jamais connu,

Toi que j’aimais et que je comprenais

Au-delà de tout et même bien plus.

 

J’aimais Ta discrétion et Ta fausse indifférence,

Qui me disaient combien, depuis des siècles écoulés,

Tes ancêtres vivaient dans la crainte et la souffrance

Par la cruauté humaine beaucoup trop perpétrées.

 

Cette fierté faisait de Toi un excellent gardien.

Personne n’entrait si je n’étais pas à Tes côtés.

Tu étais un merveilleux compagnon, avec Toi j’étais bien,

A moi seule Tu accordais Ta confiance et j’étais comblée.

 

Nous avons souvent partagé la peur et le doute,

Et même si certains Te disaient « méchant »,

J’étais heureuse de suivre avec Toi la route,

Qui, bonne ou mauvaise, nous menait droit devant.

 

Lorsque je cachais ma tête dans Ta fourrure,

C’était pour Te dire : « Je T’aime » ;

Et quand Ton panache bougeait dans cette posture,

C’est Toi qui me disais : « Je t’aime ».

 

Mon joli Bébé, mon p’tit Cœur de Belin,

Que de noms me faisait dire mon amour pour Toi ;

P’tit Loup, Mon TINOU ou Ti-Lou-Chien,

Quand on aime, on dit n’importe quoi.

Mais ce doux délire est si agréable à mon cœur

Qu’il laisse le souvenir d’un très grand bonheur.

Mon P’tit Chien, je T’aimerai toujours,

Toi Mon TONY, Mon CHOW-CHOW d’Amour.

 

Je vivrai longtemps avec le souvenir de Toi

Et Tu resteras dans mon cœur jusqu’à la fin de ma vie,

Avec Laska, ma chienne, chow-chow comme Toi,

Et Orly, Ton copain Berger Allemand de ma vie.

 

Mon cœur cependant ne peut rester plus longtemps solitaire ;

Il a besoin de vibrer, de ressentir des émotions,

Et je sais que Tu me comprends, Toi, mon petit Pépère,

Envers qui je ne commets aucune trahison.

 

J’aurais tant voulu pour me consoler,

Une nouvelle petite chow-chow à aimer,

Qui comblerait ma solitude

Et reprendrait Tes habitudes.

 

La vie rend ce rêve impossible pour le moment,

Et c’est une douleur de plus dans mon cœur.

Ma façon d’aimer Te ressemble tant,

Que je n’envisageais pas d’autre bonheur.

 

Et pourtant, dans la brume de mon chagrin,

Petite Bernoise montre son nez ;

Elle me consolera et déjà je lui dis : « Viens ! »

Ensemble pour quelque temps, nous allons marcher.

 

Tu m’apprendras à Te connaître, Tu m’apprendras Ta douceur.

On Te dit « pot de colle » mais Tu sais, c’est très bien.

Tu peux rester près de moi, appuie-Toi sur mon cœur,

Et Tu verras qu’ensemble nous irons très loin.

 

Je veux gagner Ta fidélité et Ta confiance,

Et  je sais qu’à ce petit jeu Tu ne seras pas rebelle.

Pour Tes premiers pas, je serai pleine d’indulgence.

            Je T’aime déjà,

            Viens avec moi,

                                   Ma jolie Prunèle.

 

Annick, Noël 1999

Dédié à mon joli chow-chow Antony des Monts d’Eron, dit Tony et dit aussi Tinou.

Il m’a quittée à l’âge de 14 ans, 5 mois et 17 jours…

 

 

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Découverte du chow-chow

 

            Le 13 décembre 1981, dans la chambre d’hôtel d’une petite station balnéaire normande nommée Agon-Coutainville, Dolly mit au monde, après bien des heures de patience et de souffrance, quatre superbes bébés chows. Ses maîtres étaient en admiration devant eux et Whisky, l’heureux papa, veillait jalousement sur sa petite famille dont il était très fier. Cette naissance était la première pour ce couple de chows-chows noirs (avec beaucoup de reflets roux pour Whisky).

Très vite, nos quatre nouveau-nés devinrent des petits êtres vigoureux et turbulents, pressés d’ouvrir les yeux sur leur entourage et de goûter à cette grande aventure qu’est la vie. De Coutainville, il ne connurent pas grand chose car, à peine un mois après leur naissance, les maîtres quittèrent le bord de mer pour la campagne et bien sûr, tout le monde suivit.

C’est là, dans une cour entourée de champs, qu’ils goûtèrent aux joies de la liberté avec leurs parents, et là aussi qu’ils commencèrent leurs premiers jeux et leurs premières bagarres de jeunes chiots. Toute cette petite meute mettait de la gaieté dans la maison et le pelage encore laineux et soyeux des bébés donnait l’impression de voir quatre petits nounours. Whisky et Dolly, impassibles devant la turbulence de leur progéniture, surveillaient cependant d’un œil attentif les espiègleries de ces petits diablotins et y mettaient bon ordre d’un coup de patte ou d’un grognement destiné à les effrayer.

 

Et ainsi, les jours s’écoulaient, paisibles et c’est dans cet univers que j’allais faire la connaissance de nos quatre petits amis et découvrir ce qu’étaient les chows-chows.

Je venais de temps à autre voir leurs maîtres et à chaque fois j’étais béate d’admiration devant ces petits oursons qui me faisaient la fête. Il y avait un petit mâle noir qui allait être adopté à l’âge de deux mois et donc quitter sa famille ; puis une petite femelle blonde, pleine de vie et très douce ; et enfin, deux sœurs jumelles noires, « deux amours de petites chiennes dont l’une d’elles allait devenir ma Laska tant aimée ».

Mais je l’ignorais encore et à chaque visite, il y avait toujours cette petite boule noire qui venait vers moi, un peu bousculée par les autres, différente aussi mais plus calme et plus potelée. Elle semblait beaucoup apprécier ma présence et mes caresses. Je la reconnaissais toujours à cause de ses yeux, plus petits que ceux des autres et comme un peu atrophiés. Mais elle était attirante et attachante cette petite bête qui semblait chercher protection, à tel point que je songeais à l’adopter pour succéder à ma Loukette (petite caniche-griffon noire) que j’avais perdue deux ans auparavant. Lorsque j’en parlais au propriétaire, il fut d’accord car il cherchait à placer les petits, ne pouvant garder tout le monde.

 

Et c’est ainsi que le 7 avril 1982, la petite Laska montait pour la première fois dans « sa » voiture, avec « sa » nouvelle maîtresse, pour rouler vers « son » nouveau foyer et « sa » nouvelle vie…

 

Elle fut bien sage dans la voiture tandis que nous roulions vers la maison. Je m’attendais pourtant à un peu de turbulence de sa part face à cette situation nouvelle et inconnue, mais elle ne bougeait pas, assise sur la banquette arrière. Elle était sans doute pleine d’inquiétude d’avoir été séparée des siens si soudainement et elle s’accrochait déjà à cette place arrière qui allait être la sienne, ne voulant même pas venir devant lorsque je l’y invitais.

Je lui parlais doucement pour la rassurer et pour qu’elle s’habitue à ma voix. Et c’est peut-être parce qu’elle me connaissait un peu et qu’elle avait déjà accepté mon affection, qu’elle ne protesta en rien jusqu’à destination. Une fois arrivée dans la cour, pour la faire descendre de voiture, je dus la prendre dans mes bras et la poser sur le sol de son nouveau domaine, toujours en lui parlant doucement et en la caressant. Elle trottinait à peine, restant près de moi, seule personne qu’elle connaissait dans cet univers encore mystérieux et afin que je la protège contre un éventuel danger. C’est à ce moment qu’elle connut la plus grande frayeur de sa vie lorsque Adonis (épagneul papillon de mes parents, gentil comme tout) sortit de la maison et fonça sur elle pour manifester sa joie et lui souhaiter la bienvenue. Elle eut si peur qu’elle courut ventre à terre au fond du jardin pour se réfugier sous un massif de fleurs ! Pauvre Laska, comme Ton cœur battait vite quand je T’ai prise dans mes bras !

 

Il fallut attendre quelques jours avant qu’elle n’accepte de voir Adonis sans crainte et d’en faire son petit compagnon de jeu. Par la suite, ils allaient tous les deux devenir bientôt inséparables surtout que Laska était à quatre mois déjà aussi grosse que lui.

Petit à petit, elle repéra son nouveau domaine, s’habitua à mes parents lorsque j’étais au travail, et quand je rentrais, c’était la fête ! Nous étions si heureuses de nous retrouver ! Au fil des jours, je découvrais en cette petite chow-chow, un trésor d’amour, d’attachement et de confiance.

Et pourtant, quelque chose me troublait. Elle paraissait à certains moments si calme, un peu lointaine et triste. Elle ne jouait pas comme les autres chiens en dehors de ses parties de course avec Adonis. Elle ne fit jamais de bêtises dans la maison comme mordre des chaussures par exemple ou s’amuser avec n’importe quel objet comme le font ordinairement les chiots. Elle fut propre de bonne heure - environ une quinzaine de jours après son arrivée - et elle avait compris qu’il ne fallait pas faire ses besoins à l’intérieur mais aller dehors.

Bien sûr, elle dormait dans ma chambre, par terre, au pied de mon lit, sur un petit matelas en mousse recouvert d’un morceau de drap qui lui était destiné. Jamais elle ne dormit sur mon lit où elle montait rarement le matin quand je l’appelais. Au bout de quelques minutes, après avoir fait un brin de toilette, elle s’en allait.

Un jour, je la vis se frotter la joue sur les graviers de la cour et je m’aperçus que sous son œil, il y avait une plaque de poils arrachés et que la peau était à vif. Elle recommençait ce geste de plus en plus fréquemment et je commençais à vraiment m’inquiéter. De plus, elle restait très craintive et méfiante envers les gens qu’elle ne connaissait pas, à tel point que, lorsque je voulus commencer à l’habituer à la promenade en laisse, elle ne voulait plus avancer et tirait en arrière pour faire demi-tour dès qu’elle apercevait un peu plus loin un groupe de promeneurs venant vers nous. Jusqu’au jour où je la vis se cogner dans une porte qu’elle croyait ouverte…

Il y avait donc quelque chose de vraiment anormal au niveau oculaire et j’allais la présenter chez le vétérinaire qui diagnostiqua un entropion aux deux yeux et recommanda l’opération immédiate. Elle n’avait que six mois et je décidais, le cœur gros, de la confier à un chirurgien sachant que cette malformation était chose assez courante chez cette race de chiens et que cela s’opérait très bien.

 

            Rendez-vous fut pris et l’intervention se passa très bien. C’est le cœur battant que je récupérais ma jolie petite chow-chow nantie de son collier élisabéthain. N’importe qui aurait trouvé amusante cette collerette autour de la tête d’un bébé chien mais voilà : je n’étais pas n’importe qui, j’étais la maîtresse de ce petit être qui émergeait d’une anesthésie et se demandait bien ce qui lui arrivait. Je ressentais son inquiétude et j’en étais bouleversée. Pauvre petite mère !, elle allait se cogner dans tous les obstacles et en quoi allaient consister les soins postopératoires ? Les yeux, c’est sensible ; allait-elle se laisser faire ? Allait-elle souffrir ?

Mais elle s’est révélée être un ange de douceur et de patience. Lorsque je lui nettoyais les yeux et y mettais un collyre, elle ne bougeait pas, ayant déjà compris que toutes ces manipulations étaient faites pour son bien. Tout allait donc pour le mieux - ouf ! - et la vie a repris son cours normal. Une tendresse encore plus profonde m’unissait à Laska. Elle avait retrouvé un rythme de vie et me prouvait sa reconnaissance par un attachement et une confiance encore plus grands. Dans son regard, je ne lisais plus la peur mais un amour profond et indescriptible qui renforçait encore davantage les liens qui nous unissaient déjà.

 

            Hélas !, la vie de ce petit bout de chow-chow allait être bien perturbée et d’autres malheurs l’attendaient. A un an et demi, je l’ai trouvée un jour, sur le flanc, avec un œil à ce point gonflé qu’il semblait sortir de l’orbite… Peur, angoisse, inquiétude, tout revenait en bloc et nous repartions à la case départ. Bien sûr, cela se passait un dimanche, ce qui n’était pas fait pour arranger les choses ! J’emmenais d’urgence ma petite chienne chez le vétérinaire de service qui n’était pas mon vétérinaire habituel. La température de Laska s’élevait à 42° !… et ce véto n’en trouvait pas la cause. Il m’a donné un médicament pour faire tomber la fièvre et le lendemain j’emmenais Laska chez mon vétérinaire qui diagnostiqua une sorte d’infection vaginale, (l’œil proéminent n’était qu’une conséquence de cette fièvre). Il est vrai que chow-chounette avait des chaleurs très irrégulières. Il m’a même conseillé de la faire saillir.

 

 

            C’est ce que je fis lorsqu’elle fut complètement rétablie. C’est ainsi que j’ai découvert avec émerveillement le rituel d’accouplement des chows-chows. Ce ne sont vraiment pas des chiens…

 

 

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Laska et Sunchang

 

            Laska avait deux ans et entre-temps, j’avais fait la connaissance d’une éleveuse de chows-chows de mon département avec laquelle j’ai sympathisé par la suite. Elle accepta de faire saillir Laska avec l’un de ses étalons, un magnifique chow-chow noir, plein de superbe et nanti d’une impressionnante fourrure. Il s’appelait Sunchang du Xanadu.

 

            Lorsque Laska et moi nous sommes rendues à ce rendez-vous galant, j’avais un trac fou ! Ce n’était pourtant pas moi qui étais concernée, rassurez-vous, mais je me demandais ce qui allait se passer. Y aurait-il de la bagarre ? Ma Laska allait-elle souffrir ? C’était la première fois !

            Quand je vis Marie-Lou (l’éleveuse) mettre une muselière à Laska, j’en étais malade ! N’ayant jamais été agressive de sa vie, elle n’avait jamais eu un tel engin sur le nez. Marie-Lou m’a conseillé de tenir ma chienne pour la calmer et la rassurer tout au long de la parade amoureuse. Oh ! mon Dieu !, je crois que c’est surtout moi qu’il aurait fallu rassurer ! Mais bon !, soyons forte. Je le devais pour Laska.

 

            J’ai donc tenu la tête de ma « p’tite mère » dans mes bras, ma joue posée sur son front. Et Sunchang entra. Sans panique, ni précipitation.

 

Il ne se jeta pas sur Laska comme je l’avais craint. En grand habitué des unions canines (je devrais plutôt dire « chowines »), il a agi avec calme et douceur, commençant à sentir Laska, lui faisant des « lèlèches » sur le cou (je me reculais un peu !), tournant autour d’elle, la courtisant, en un mot. Marie-Lou me précisa alors que, vu sa façon de se comporter, ma chienne lui plaisait… Ouf ! il n’y aura donc pas de bagarre. Puis lentement, doucement, avec tact et précaution, il la monta. Marie-Lou surveillait et, comme Sunchang n’arrivait pas à ses fins, elle lui disait d’arrêter et il se retirait docilement, pour revenir quelques instants après, faire un nouvel essai.

Pendant tout ce temps, ma pauvre petite Laska respirait et soufflait très fort dans sa muselière mais elle ne bougeait pas, rassurée sans doute par les mots d’amour et d’encouragement que je lui murmurais.

 

            Enfin, lorsque tout fut fini et qu’ils restèrent collés l’un à l’autre, j’ai vu le panache de ma petite Laska se mettre à battre de bonheur. Nous avions réussi ! Elle était heureuse ! J’en avais les larmes aux yeux.

            Nous procédâmes trois fois à ce même rituel mais sans succès car ma Laska est restée vide. Cependant, son comportement avait un peu changé. Elle était plus gaie, plus vive, plus joueuse.

Je me souviens que, lorsque nous sommes rentrés à la maison après ces séances amoureuses, Adonis, dit Ado et dit aussi Tintounet, flaira sa compagne Laska et, comprenant qu’il avait été berné, lui prit la tête pour essayer de lui faire ce que Sunchang, lui, avait fait du bon côté. Voilà la différence qui existe entre un petit chien des rues tout excité qui fait « ça » n’importe comment et un chow-chow distingué qui fait « ça » d’une façon élégante.

 

 

            Un aristocrate de l’amour ce chow-chow, non ?

 

 

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Tu pars déjà ?

 

            Et la vie continua, tranquille, avec ses moments de bonheur simple comme, par exemple, les longues balades que nous faisions dans les dunes d’Agon avec Laska et Ado. Je disposais d’une grande corde de dix mètres de long avec un mousqueton à chaque extrémité, Laska à un bout, Ado à l’autre et moi, au milieu. Nous goûtions ainsi au bien-être du parfum marin et du chant des oiseaux. La nature nous appartenait. Quel bonheur !

 

            Ce bon temps a duré environ un an et, comme le cruel destin nous rappelle souvent à son bon souvenir, un beau jour (je devrais plutôt dire : un moche jour), je vis Laska se mettre à boiter et à ne plus pouvoir poser sa patte arrière droite par terre.

            Vite, vite, le vétérinaire et là, une fois encore, le diagnostic est tombé comme un couperet : ligaments croisés de la patte, opération immédiate ! Et re-belote ! Tristesse, inquiétude, angoisse et j’en passe.

L’opération a donc eu lieu et là aussi, tout s’est bien passé. J’ai retrouvé ma jolie chow-chow avec une attelle à la patte et un grand pansement qui lui passait autour des reins. Interdiction de poser la patte au sol et surtout, une piqûre à lui faire chaque jour ! Oh ! la la ! Grosse panique ! Je n’avais encore jamais fait de piqûre à un chien. Beaucoup trop sensible pour ça. Pourtant, je n’avais pas le choix. Il fallait à tout prix que je la fasse pour l’amour de ma Laska. Je me fis violence et après quelques essais avec mon véto, je commençais à lui faire ses piqûres. Je ne m’en sortais pas trop mal mais il m’arrivait parfois de les louper et à ce moment-là, ma p’tite mère lançait un petit cri faible et plaintif mais jamais elle n’a grogné ou cherché à me mordre. Une fois de plus, je crois qu’elle avait compris que j’agissais pour son bien.

Elle se rétablit normalement et la vie reprit son cours. Fini les boiteries. Combien de temps allions-nous être encore tranquilles ?

 

Très peu de temps puisque, un an après (Laska avait quatre ans), la deuxième patte arrière flancha à son tour. Re-vétérinaire, re-ligaments croisés, re-opération, re-angoisse, re-chagrin et tout le toutim. Une fois de plus, je revis ma pauvre petite Laska avec une attelle et des immenses pansements. Une fois de plus, elle se montra patiente et résignée. Une fois de plus, nous luttions, elle et moi, pour voir enfin le bout de ce tunnel noir et la fin de tous nos ennuis.

Mais allions-nous vraiment y parvenir ? Des petites choses m’inquiétaient : la cicatrisation semblait se faire moins bien que la première fois. Lorsque je refaisais le pansement et nettoyais la plaie, il y avait un peu de pus. Les fils semblaient mal se résorber. Qu’est-ce que tout cela pouvait bien signifier ?

Un jour, je vis ma chow-chow toute triste et prostrée. Je l’emmenais en urgence chez mon vétérinaire qui me demanda de la lui laisser toute la journée en observation. Inutile de préciser combien cette journée m’a paru longue et combien j’étais inquiète. Allais-je retrouver Laska vivante ?

Le soir, après mon travail, lorsque je suis allée la rechercher, quelle ne fut pas ma surprise en voyant Laska venir vers moi, en frétillant, toute contente de me retrouver. Je n’en croyais pas mes yeux ! « Eh bien, docteur, que s’est-il passé ? » Ma chow-chounette était anémiée et on lui a fait une transfusion sanguine. Du sang tout frais, tout neuf : voilà ce qui a provoqué chez mon bébé cette résurrection soudaine et cet état d’excitation. Combien de temps cela allait-il durer ? On ne pouvait pas savoir. Il fallait attendre, observer et informer le vétérinaire des suites découlant de cet acte.

Nous étions le 22 mai 86 et le soir, en m’endormant, je m’étais dit que j’étais sûre au moins, de retrouver Laska vivante à mon réveil le lendemain. C’est ce qui se produisit et je partis au boulot, le cœur léger.

 

Lorsque je rentrai le midi, il pleuvait. C’était une de ces journées à mauvaises nouvelles - celle-ci était de taille - Je vis ma mère venir vers moi en pleurant et elle prononça le mot de « Laska ». J’ai tout de suite compris et suis rentrée dans la maison en courant pour voir ma jolie petite chow-chow dans un sommeil désormais éternel…

J’ai enfoui une dernière fois ma tête dans sa fourrure, la mouillant de mes larmes, lui disant adieu et combien je l’aimais.

 

Mon père l’a enterrée l’après-midi dans notre jardin de Coutainville. C’était fini… Nous étions le 23 mai 86. C’était très dur car j’avais décidé de ne pas montrer mon chagrin, ne serait-ce que pour éviter le genre de réflexion comme : ce n’était qu’un chien, vous en aurez d’autres.

C’était fini et bien fini. Je n’entendrai plus jamais les ronflements de Laska la nuit, ni ne verrai plus son joli minois plein de douceur et d’amour. Malgré que je tienne le coup dans la journée, Laska venait dans mes rêves nocturnes et il m’arrivait parfois de me réveiller en larmes.

 

Pourtant, l’aventure chow-chow n’était pas terminée puisque quelques mois après, je rencontrais mon Tinou dont le père n’était autre que Sunchang du Xanadu, le prétendant de Laska. Le monde est petit, n’est-ce pas ?

 

Après Laska et Tinou, je vis aujourd’hui en cette fin d’année 2000, avec une nouvelle petite chow-chow, Raï-Ma - Laska et un bouvier bernois femelle, Prunèle du Ruisseau de Facegorras. Avec elles, j’ai retrouvé mon équilibre sentimental et je les aime toutes les deux très fort. Prunèle vient de perdre son papa, Gilking von Annou qui appartenait à son éleveuse, Annick (même prénom que moi). Je dédie à Annick mon poème sur Tinou car je sais que sa peine est aussi profonde que la mienne. Gilking faisait partie de sa vie, de ses souvenirs et de ceux de sa maman qu’elle a perdue il y a deux ans.

 

 

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La messe des animaux

 

            Lorsque je pense à l’importance que revêt dans ma vie la présence de mes chiens, je me dis que ce n’est pas par hasard qu’ils ont été créés, que ce n’est pas par hasard qu’ils s’attachent à nous et que ce n’est pas non plus par hasard qu’ils nous aiment. A leur façon, certes, mais ils nous aiment et nous le prouvent par bien des attitudes.

            Anthropomorphisme, allez-vous dire ? Oui, j’en conviens. S’il n’en faut pas trop, il en faut tout de même un peu, juste pour établir des liens solides et profonds entre le maître et l’animal, pour que l’homme aime avec son cœur et l’animal avec son attitude corporelle (joie, peur, soumission, etc.) La nature est souvent cruelle avec les animaux et s’ils ont en eux cette férocité, c’est souvent par instinct de défense et de survie. L’homme n’est-il pas sur Terre pour adoucir cette cruauté et la faire peu à peu régresser sur notre planète ? Je crois que le chien a été créé tout spécialement dans ce but, parce qu’il est le plus facile à amadouer et aussi pour que l’homme, lorsqu’il n’a pas pu se faire une place dans la société, trouve auprès de lui un compagnon fidèle et tendre. Et puis, celui qui sait vivre en paix avec son animal, sait aussi vivre en paix avec ses semblables.

 

            Pour ma part, j’ai toujours été persuadée que les chiens (comme bien d’autres animaux d’ailleurs) ont une âme. Dans le livre de Job, n’est-il pas dit : « Demandez aux bêtes et elles vous enseigneront » ? De même que dans la Genèse (II, 18-19), il est dit que : « Dieu a créé les animaux afin que l’homme ne s’ennuie pas et qu’il ne se sente pas seul ». Chacun sa croyance ou sa non-croyance, mais si les animaux disparaissaient de la Terre, qu’adviendrait-il de la race humaine ?

Ces pensées, je les ai prises dans un livre  merveilleux écrit par Monseigneur Dominique Philippe : « La Messe des Animaux » aux Editions de l’Hippocampe. Mon Tinou avait à coup sûr une âme car, lorsqu’il a rendu son dernier soupir, j’ai senti au fond de moi sa petite âme qui s’arrachait de mon cœur pour aller sereinement vers les bras tendus de sa petite maîtresse Hélène. J’ai murmuré : « Mission accomplie, Hélène » et je sais que maintenant, ils veillent tous les deux sur ma vie.

 

 

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Tinou star

 

            Il y a dans mon cœur une chanteuse que j’ai beaucoup aimée et admirée et dont les chansons à succès ont bercé toute ma vie jusqu’en 1987, date du décès de cette chanteuse. Il s’agit de Dalida. Chacune de ses chansons me rappelle un instant, une émotion bien précise, un rêve, une personne ou une action que je revis à leur écoute.

 

            Par exemple, lorsque j’entends « Zorba », succès de 1965, je revis aussitôt les sentiments de tristesse et de détresse que j’ai éprouvés quand j’ai perdu, en avril 1965, ma petite Loukette bien-aimée (petite ratière noire à tête de labrador). En tant que fan, j’ai eu souvent l’occasion d’aller applaudir Dalida sur scène et de la rencontrer lors de réunions organisées par son club. Elle était d’une extrême gentillesse et d’une grande simplicité.

Je savais qu’elle aimait beaucoup les chiens et surtout, les petits carlins (elle en a eu quatre). Elle et moi, aimions donc chacune une race asiatique puisque carlins et chows-chows passent pour être d’origine chinoise. Je me rappelle avoir écrit un jour à Dalida pour lui parler de mon amour pour ma chow-chow Laska. En retour, j’ai eu l’extrême bonheur de lire, derrière une photo, la dédicace suivante : « Bises à Laska ». Ces trois mots qui peuvent paraître anodins, revêtent pour moi une importance sentimentale capitale. Cela signifiait que Dali (diminutif de Dalida) avait pris le temps de lire ma lettre sur Laska, que mon message concernant notre amour pour nos chiens respectifs était bien passé et avait bien été reçu. Cela n’a de valeur que pour moi mais j’étais fière et orgueilleuse parce que l’amour de ma vie, ma chow-chounette avait été citée par celle qui m’a donné tant de bonheur au travers de ses chansons : Dalida !

 

Pour Tinou, je n’ai pas eu à lui écrire. Lorsque Dalida s’est suicidée en mai 87, « Tinou-cœur » appartenait à Hélène. Mais le hasard de la vie fait souvent bien les choses et Dali m’a laissé un souvenir merveilleux en chantant le prénom de mon chow-chow favori : Tony. Cette chanson est italienne et s’intitule précisément « Tony ». Bien sûr, il s’agit d’un homme amoureux et malchanceux mais j’ai surtout retenu deux phrases qui correspondent à mon Tinou :

1 - Tony, ragazzo, pazzo d’amore (Tony, jeune garçon, fou d’amour).

2 - Tony, mercante di sogni segnando (Tony, le marchand de rêves, a signé).

 

            Eh oui, mon Tinou, Tu étais débordant d’amour et je rêve souvent à tous nos bons moments passés ensemble. Grâce à Dali, Tu resteras toujours la star de mon cœur.

 

 

            Je ne T’oublierai jamais.

 

 

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Le restaurant

 

            Hélène était souvent fatiguée et parfois, je l’emmenais avec moi en voiture, en compagnie de Tinou. J’allais promener le chow-chow dans les dunes et Hélène nous regardait partir, heureuse de voir son Tony se défouler au bout de sa longue laisse. Elle se reposait dans la voiture en nous attendant. Un grand sourire apparaissait sur son doux visage lorsqu’elle nous voyait revenir de notre balade.

 

            Parfois aussi, elle me disait : « Vous venez, on va aller au restaurant ». J’étais heureuse de lui accorder ce grand bonheur : sortir un peu de chez elle avec son chow-chow car, bien évidemment, Tinou était de la partie. Le petit restaurant était situé à cinquante mètres de chez elle et nous y allions à pied. Hélène marchait à côté de moi, me donnant le bras pour plus de stabilité. De l’autre main, je tenais Tinou qui, tout joyeux à l’idée de sortir, tirait un peu (mais pas trop) et flairait un peu partout, levant la patte aux endroits les plus intéressants pour lui.

            Nous arrivions à ce restaurant très calme en semaine et nous nous installions à notre table. Tinou s’allongeait sous la dite table et nous ne l’entendions plus. Et pour cause : Hélène qui avait un tout petit appétit, commandait son menu et le partageait avec l’invité installé sous la table ! Parfois, je voyais sa tête émerger de sous la nappe et son regard fripon et enjôleur me quémandait un petit superflu. Comment lui résister ?

 

            Le repas se passait dans le calme et la sérénité. Lorsque le moment de régler la note arrivait, Hélène me demandait d’aller l’attendre dehors avec Tony car il commençait à trouver le temps un peu long. J’étais à peine debout et n’avais pas eu le temps d’enfiler ma veste que des jappements sonores et intempestifs se faisaient entendre, accompagnés d’une danse effrénée et tournicotis dans tous les sens. « Ouf ! c’est terminé ! » semblait-il dire. « Vive la balade, les odeurs et le bon air ! Vite, vite, dehors ! »

            Désormais, personne ne pouvait plus ignorer que nous avions un chow-chow. Son éducation est un peu à revoir ? D’accord ! messieurs-dames. Mais vous savez, il est très jeune et très dynamique. Et puis, lui au moins, il dit ce qu’il pense.

 

 

            Nous l’aimons tel qu’il est.

 

 

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Une journée avec Kiki

 

            Une journée banale, comme toutes les autres. Comme toutes ces autres journées banales qui vous donnent l’impression d’avoir une vie bien remplie. Une vie qui vous permette de dire beaucoup plus tard : « J’ai vécu comme un riche, j’ai eu une vie riche d’émotions ». Riche grâce à des banalités.

 

            Diki du Clos Rotoir - dit aussi Kiki - est le fils de Sunchang du Xanadu (père de Tinou également, je le rappelle). Comme son père, il possède une magnifique et imposante toison noire et de grosses patounes qui lui donnent l’allure d’un lion. Il fait la joie et la fierté de ses maîtres Emilienne et Gilbert qui l’emmènent partout avec eux. C’est une excellente thérapeutique tant pour le chow-chow que pour son maître qui, étant cardiaque, a besoin d’un exercice doux.

            Diki a le grand privilège de dormir dans la chambre de ses maîtres et lorsque Emilienne descend le matin, il daigne ouvrir ses yeux, se lève et va vers le bord du lit. Il renifle pour bien s’assurer que son maître est toujours là puis, dans un soupir comme savent si bien faire les chows-chows, se recouche en se laissant retomber lourdement sur le plancher. Au bout d’un moment, il descend les escaliers et s’installe dans le couloir, tête tournée vers l’entrebâillement de la porte de la cuisine et là, il regarde et épie les faits et gestes de sa maîtresse. « Ah ! elle ouvre le placard et prend le beurre. Hum ! j’adore et je vais lui faire un de ces regards langoureux pour obtenir un petit bout. Je suis sûr qu’elle va fondre… Gagné ! Que c’est bon ! Ne pas oublier de remercier en remuant la queue. Voilà ! comme ça ! »

 

            Gilbert vient de descendre : « Bonjour Kiki, ça va ? »

            Avec son plateau du petit-déjeuner, Emilienne remonte dans sa chambre. Kiki monte sur le lit et la regarde manger. « Tu veux une bouchée Kiki ? » Pas de réponse, indifférent. Elle insiste, lui présente un petit morceau de pain grillé. Pour lui faire plaisir, je vais lui prendre. Hum ! Pas mauvais. Tu en veux encore ? Tiens : deux bouchées, trois. Très bon ce pain grillé. Remuer la queue à chaque fois.

            Je descends voir mon maître. Petit besoin dans le jardin. J’ai un coin à moi, dans l’herbe.

            Dans la matinée, promenade en voiture avec mon maître. Pour me faire monter à l’intérieur, j’aime qu’il me soulève les fesses comme lorsque j’étais bébé chiot. Je sais monter tout seul mais je fais semblant de ne pas pouvoir.

            Retour à la maison. Ma maîtresse arrive après avoir fait les courses. Inspection générale dans les sacs. Ça sent bon ! Attendons qu’elle se mette à cuisiner. Poste d’observation dans le couloir.

            Qu’est-ce qu’elle mijote dans cette cuisine ? Allons voir. Tu m’en donnes un peu ? Oui : du beurre ! Je suis un Normand, rappelle-toi et un Normand aime les produits du terroir. Qu’est-ce qu’il y aura dans ma gamelle ? De la viande et des légumes ? D’accord !

 

            Ils sont à table. J’ai déjà mangé mais j’aime bien que l’on me donne quelque chose en plus. Un bout de beurre, par exemple ; Oui, encore.

            Après-midi : sieste dans le jardin. S’il pleut, je vais dans l’atelier de mon maître. Je le vois souvent bricoler. Quand j’en ai marre, je le regarde fixement en penchant la tête : « Alors ? Tu m’emmènes en promenade ? »

            16h30 : Gilbert range ses outils et sort avec Kiki. Mon maître rencontre beaucoup de monde et ils bavardent longtemps. Que c’est long ! Je me couche à ses pieds et pendant ce temps-là : « Bla, bla, bla et bla, bla, bla ». J’écoute vaguement, je regarde passer les voitures, je me lèche une patte, pourquoi s’énerver ?

 

            Au retour de balade, j’ai soif. Ouvre le robinet comme d’habitude ! J’aime laper le filet d’eau qui s’écoule, tout frais, tout pur.

            Le soir, j’aime bien regarder la télé avec mes maîtres. Lorsque Emilienne apporte la tisane, je sais que j’aurai un petit ramequin contenant des friandises et des biscuits. Ils aiment bien que je demande petit morceau par petit morceau. Quand il n’y en a plus dans le ramequin, je sais que Gilbert en a caché encore un petit bout dans sa main. Il me le montre. Explosion de joie gourmande ! Ce dernier morceau est le meilleur.

 

            Après onze ans d’une vie sans histoire, Kiki a rejoint le ciel le 11 mars 1998. Emilienne et Gilbert vivent à Agon et sont à la retraite. Je leur ai demandé de me parler de Kiki le chow-chow et je savais bien que j’allais leur faire évoquer des jours heureux, des choses simples parce que le bonheur est essentiellement constitué de cela : de simplicité.

 

 

            Nous ne T’oublierons jamais Kiki. Notre chagrin est immense et seul Ton souvenir compte pour nous.

 

 

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La patte d’Orly

 

            J’ai fait de belles et longues balades dans les dunes d’Agon-Coutainville avec Orly et Tony. Le berger allemand était en liberté et le chow-chow avait une grande laisse de cinq mètres de long ce qui lui permettait de batifoler et de courir un peu.

 

            Lorsque Tinou levait la patte pour se soulager, Orly était souvent derrière lui. Il le bousculait alors doucement avant que ne tombe la dernière goutte pour, à son tour, lever la patte là où Tinou avait uriné. Double signature et lecture de la même page de journal, mais sans heurts.

            Il y avait aussi les pauses « câlins » et les pauses « tendresse » lorsque Orly venait se mettre en travers de mon chemin, me barrant le passage, pour que je m’accroupisse et lui entoure le cou de mes bras. Alors, d’un coup sec, il se dégageait et s’en allait pour revenir un quart d’heure plus tard, formuler la même demande.

            Tinou, lui, ne demandait rien. Il est vrai que sa fierté de chow-chow lui interdisait toute requête de ce genre. Mais il restait près de moi, occupé semble-t-il, à flairer quelque odeur et ne bougeant pas lorsque je lui disais « je t’aime », ma tête enfouie dans sa fourrure. Mais je le lâchais très vite, car c’est bien connu : les plus beaux moments sont les plus courts.

            Ainsi, nos longues promenades baignaient dans l’air de la mer et le parfum de l’Amour.

 

            Et il arrivait aussi que nous nous promenions dans la campagne, sur de petites routes désertes. Mon amie Marie-Claude nous accompagnait souvent dans nos escapades. En rase campagne, il y encore plus d’odeurs et lorsque Tinou reniflait quelque chose avec insistance, appuyant nerveusement sa truffe sur un endroit précis, Orly arrivait aussitôt aux nouvelles et posait sa tête contre celle de Tinou et sa truffe, près de celle de Tinou. Ils restaient ainsi de longs instants à lire leur journal. J’imaginais très bien le dialogue entre eux :

            « Pousse-toi Tony, que je sente un peu !

            - Hé, doucement ! J’étais là avant toi !

            - Hum !… rien de bien intéressant ici, mon p’tit vieux. Es-tu sûr de toi ?

            - Pourtant, il m’a semblé que…

            - Tu es encore un peu jeune. Tiens !, pour te faire plaisir, on va signer. « Je » vais signer. Pousse-toi un peu ! »

            Et Orly de lever la patte…, et Tinou aussi, bien sûr.

 

            Mais un jour, ce n’est pas une odeur qu’il y avait sur la route mais… un gros tracteur. Un de ces immenses engins avec d’énormes roues. Orly était au milieu de la route, en liberté, et comme il commençait à être un peu dur d’oreille, j’ai demandé au conducteur de s’arrêter, le temps de nous laisser passer - ce qu’il a fait - Puis, j’ai bavardé quelques instants avec le conducteur du tracteur avant qu’il ne redémarre.

            Au moment où l’énorme engin s’est remis en route, Orly s’est précipité au-devant de lui ! Avec horreur, j’ai vu l’immense roue passer sur la pauvre petite patte avant d’Orly !

            Sur le coup, je n’ai eu aucune réaction. Je tenais en laisse Tinou, ce qui ne me donnait aucune liberté de mouvement. D’autre part, il faut bien avouer que j’étais tétanisée par la peur, sûre et certaine que la patte de mon pauvre Orly allait se briser en deux !

            Stupéfaction ! Après le passage de l’énorme roue, sans un cri, sans une plainte, j’ai vu Orly retirer sa patte et la tenir levée, l’air hébété. Je n’ai rien compris à ce qui venait de se produire. J’attendais qu’il se mette à gémir car les grandes douleurs ne se manifestent pas toujours immédiatement. Mais non : rien !

 

            Il y a de profondes rainures dans le pneu d’un tracteur. Il y avait une chance sur dix pour que l’une d’elles se place exactement à l’endroit où se trouvait la patte d’Orly.

 

 

Ce jour-là, Orly avait mis les neuf autres malchances de côté.

 

 

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On ne veut jamais m’écouter…

 

            Tinou a mordu - c’est vrai - Il a mordu sa première petite maîtresse - c’est vrai - Il a même mordu deux ou trois autres personnes - c’est encore vrai - J’ai un chien méchant et dangereux allez-vous dire ? Eh bien non !, ça, c’est pas vrai ! Si vous raisonnez ainsi, vous faites partie de cette catégorie de gens « anti-chow-chow » qui fustigent l’espèce canine sans indulgence dès que le mot « mordu » a été prononcé. C’est faux !, archi faux ! On peut toujours expliquer le « pourquoi », le « comment » et fournir le « parce que » à propos de n’importe quel acte. Pour cela, il suffit de connaître à fond son chow-chow, l’avoir bien observé, tenir compte de ses aventures et expériences passées qui n’ont pas toujours été positives pour lui, et aussi lui vouer un très grand respect et beaucoup d’amour.

            Si Tinou s’est accroché à moi au cours de sa vie, c’est justement parce que j’étais la seule à le comprendre et à l’aimer. Je le connaissais comme si je l’avais fait ! A tel point que je pouvais prévoir ses moindres réactions face à une situation donnée. Je savais d’avance avec quelles personnes ça irait bien ou pas, mais voilà… on ne veut jamais m’écouter !

 

            Il y avait des petits travaux chez moi cette année-là et j’avais bien prévenu l’ouvrier de ne pas entrer dans la cour si je n’étais pas à côté de mon chow-chow. Le premier matin, tout s’est passé très bien : j’étais près de Tinou qui aboyait mais il s’est vite calmé lorsqu’il a vu que je discutais avec ce monsieur et que nous ne nous occupions pas de lui.

            L’après-midi, j’entends mon Tinou aboyer furieusement près de la barrière. Par-dessous le sapin qui masquait l’entrée, je vois deux jambes qui se lèvent et descendent de façon rythmique comme pour danser une gigue. J’ai tout de suite compris et suis allée vite fait vers l’infortuné visiteur qui se faisait mordre les mollets par à-coups, ce qui expliquait cette danse frénétique occasionnée par la douleur. J’ai vite calmé et rentré Tinou. L’ouvrier avait une morsure sans gravité mais qui le faisait néanmoins souffrir.

            « Excusez-moi monsieur mais si vous m’aviez écoutée, cet incident ne se serait pas produit. Un coup de Klaxon, c’est facile à donner pour prévenir d’une arrivée. »

            Sans les branches providentielles de ce sapin salutaire, j’aime autant ne pas imaginer dans quel état auraient été ses mollets.

 

            Le deuxième incident s’est déroulé au moment de la construction d’une maison en mitoyenneté avec la mienne. Les ouvriers m’ont demandé la permission de faire passer leur échafaudage dans la cour. J’ai bien précisé :

            « Surtout ne pas descendre ! M’appeler. Je ne suis jamais bien loin, surtout dans une telle situation. »

            Eh bien, vous me croyez si vous voulez : même scénario et même conséquence ! En entendant Tinou aboyer, je suis sortie à toute vitesse de la maison et j’ai juste eu le temps d’apercevoir un petit bonhomme escalader son échafaudage avec l’agilité d’un chimpanzé. Là encore, une blessure légère qui aurait pu être évitée.

 

            Pauvre Tony !, il en avait marre de toutes ces intrusions sur son domaine. Il avait envie qu’on le laisse en paix, et moi aussi d’ailleurs. C’était notre domaine à tous les deux et personne n’avait le droit de nous embêter.

            Quant à Hélène (sa première maîtresse), la morsure s’explique par le fait que Tinou avait mal à une patte. Au cours de la nuit, il s’est mis à lécher cette patte et sa maîtresse a voulu voir de plus près. « Mais attention !, pas touche à ma patte ! Dors et laisse-moi en paix. » Petite morsure encore pour montrer qui était le chef (je vous ai déjà précisé que Tinou était dominant par rapport à Hélène). Morsure sans gravité car Tinou a immédiatement relâché.

 

 

            Ne T’inquiète pas, mon Tinou, Hélène T’aimait malgré cela et T’aura aimé jusqu’au bout de sa vie. Quant à moi, Je T’aime très fort et, quoi qu’il arrive, je serai toujours « mordue » de Toi.

 

 

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Les crottes de Raï-Ma et de Prunèle

 

            J’aimerais parler d’un sujet évoqué très souvent par notre ami François dans les livres consacrés à Po-Paï. Il s’agit de « crottes », une fois encore. Il me paraît indispensable d’en parler pour qu’il sache que nous sommes souvent sur la même longueur d’onde, lui et moi.

 

            François nous a parlé avec beaucoup d’émotion des premières crottes de son chow-chow, des lieux où il les faisait, de la façon dont il les faisait et beaucoup d’autres choses se rapportant à ce sujet. Par contre, je n’ai aucune souvenance d’avoir lu dans un des tomes de « Notre chow-chow n’est pas un chien », une quelconque allusion à la forme et à la disposition de ces matières à si forte inspiration (qu’il vaut mieux d’ailleurs ne pas chercher à trop souvent inspirer).

Je vais donc pallier ce petit manque en disant tout d’abord qu’il y a toutes sortes de crottes : des longues, des courtes, des larges, des étroites, des pâtés, des « tortillonnées », des toutes droites, etc. Lorsque Po-Paï lit son journal, il répond par un jet d’urine dans lequel il laisse ses propres messages ; ça, c’est le point de vue canin. Et je pense que l’on peut avoir une idée du comportement des chiens en décryptant la forme de leurs crottes ; ça, c’est le point de vue humain.

 

            J’explique.

 

            J’ai deux chiennes que j’adore : il y a Raï-Ma, troisième amour chow-chow de ma vie (6 mois en novembre 2000) et Prunèle, premier amour bouvier bernois de ma vie (11 mois). J’ai tout loisir pour observer leur comportement et leur physique. C’est en ramassant les grosses commissions de mes choupinettes qu’une évidence m’est venue à l’esprit.

Prunèle, grande et merveilleuse chienne, a de grandes pattes, une grande queue et des oreilles tombantes. Elle se déplace avec une allure dégingandée, tout est mou et flasque chez elle : les pattes, la queue et les oreilles qui se soulèvent comme un battement d’ailes d’oiseau.

            Raï-Ma est plus petite, plus ramassée, plus nounours. Elle se déplace par à-coups, avec une démarche plus raide mais aussi rapidement que Prunèle, comme si elle était poussée par une rafale de vent trop forte. La queue est sur le dos et les oreilles en pointe.

Vous me suivez ? Chez Prunèle, tout est vers le bas (la queue et les oreilles) tandis que chez Raï-Ma, c’est le contraire. Les crottes de Prunèle sont donc larges (puisque c’est un grand chien), courtes et semées un peu partout en pointillés, ce qui correspond à son caractère je-m’en-foutiste.

Quant à Raï-Ma, je trouve très souvent un gros tas de crottes compactes (comme elle) ; les pointes souvent tournées vers le haut (comme sa queue et ses oreilles). Rien ne dépasse autour et ces crottes sont souvent faites dans un endroit sombre (signe de comportement pudique).

Avec des caractères très différents, mes deux bébés s’entendent à merveille et je les aime très fort.

 

 

Conclusion :

1 - Avec la bourgeoise Raï-Ma, tout est net, bien carré, bien rangé et bien discret… comme ses besoins.

2 - Avec la paysanne Prunèle, tout marche à la « va comme je te pousse », elle sème à tout vent son amour et ses crottes.

 

 

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Petite Raï-Ma

 

Bonjour, Toi, petite Raï-Ma

Toute fraîche, toute douce, toute velue,

Bonjour, Toi, petite Raï-Ma

Pour mon plus grand bonheur, Tu es venue.

 

Merci mon Tinou car Tu m’as aidée à combler le vide

Qui petit à petit s’installait dans ma vie.

Merci mon Tinou car maintenant je me sens plus solide

Avec Raï-Ma que Tu m’as choisie pour amie.

 

Elle me rappellera que je T’ai aimé, Toi, mon chow-chow,

Et me fera repenser à Ton amour si doux, si chaud.

Par elle, je n’oublierai pas la discrétion de votre race

Qui, pour cacher une émotion forte, devant nous s’efface.

 

Tu revivras en elle, Tinou, et Toi aussi Laska.

Où que vous soyez, protégez-la et aimez-la très fort,

Puisqu’elle sera votre continuité auprès de moi.

Donnez-lui ce qu’il y a en vous de plus beau, de plus fort.

 

Toi, P’tit Loup, la fougue de Ton amour et Ton immense confiance,

Toi, Laska, la douceur de Ton amour et Ta grande patience.

Votre fidélité à tous les deux sera l’harmonie

Qui, pour toujours sur cette Terre, unira nos deux vies.

 

Petite chow-chow, j’aime la candeur de Ton joli minois,

Tes beaux yeux noirs qui s’ouvrent à la vie, tout pleins de malice,

Tes grosses patounes de nounours qui Te donnent un pas maladroit.

Je sais que, avec tous ces atouts, de Prunèle Tu seras la complice.

 

Pour moi, vous serez toutes deux la meilleure des thérapies

Et votre différence sera ma force et mon équilibre.

Ensemble nous allons découvrir des mondes fantastiques

Où notre solidarité fera de nous des êtres libres.

Bienvenue, petite Raï-Ma, dans le monde de mes sentiments.

Que le printemps règne pour nous trois jusqu’à la fin des jours

Et offrons au Ciel en reconnaissance et remerciements,

La joie d’avoir réalisé mon dernier rêve d’Amour.

 

 

            Pour Raï-Ma-Laska du Song-Chou-Hou née le 9 avril 2000

 

 

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Merci petit Po-Paï

 

            Notre chance à tous, amateurs et amoureux du chow-chow, est d’abord que Tu sois né, et ensuite que Tu aies été adopté par Catherine et François. Ils ont su T’observer et Te respecter, donc Te comprendre et T’aimer. Tu es ainsi devenu un amour de petit chow-chow et Tu as fait craquer Ton maître François qui, pour notre plus grand plaisir, a su faire rire au travers d’historiettes fort bien senties et pensées, écrites sur la vie de tous les jours. Les détails les plus anodins deviennent sujets à réflexions comiques. Oui, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire les tomes de « Notre chow-chow n’est pas un chien ». Et je ne suis sûrement pas la seule.

 

            Tu sais Po-Paï, Ton maître est vraiment quelqu’un de très bien, avec un cœur « gros comma ça ! » car, non content de nous avoir régalés avec ces merveilleuses historiettes, il a voulu nous tendre la main et nous donner la parole à nous, ses lecteurs, qui gardions jalousement cachés au fond de nous-mêmes, nos sentiments de tristesse pour avoir perdu un chow-chow. Nous qui gardions aussi au fond de nous des sentiments de joie concernant un nouveau chow-chow et qui gardions encore au fond de nous mille et une anecdotes lesquelles - nous le pensions - n’intéressaient personne.

            Eh bien lui, ça l’intéressait ! Et à force de questions et de mise en confiance, il a réussi à faire un tome 6 très spécial et ô ! combien précieux pour toutes les personnes qui ont participé à sa rédaction.

 

Merci François pour cette solidarité chowesque dont vous avez su faire preuve avec tant de tact et d’humanité. Nous vous en serons tous reconnaissants éternellement.

Merci à Toi, petit Po-Paï, car Tu as permis à Laska, Tinou, U-Phan et tant d’autres d’être de nouveau présents à travers les historiettes écrites par leur maître. Je suis sûre que leurs petites âmes veillent sur Toi et Te protègent, afin que Tu aies une longue vie pleine d’amour auprès de Catherine et François. C’est mon vœu le plus cher pour Toi, avec l’espoir également que je pourrai un jour passer ma main dans Ta fourrure et voir dans Ton regard l’amour de mon Tinou.

 

Pour tant d’humanité et de compréhension de cette merveilleuse créature qu’est le chow-chow :

MERCI FRANÇOIS.

            Pour Ta gentillesse, tout l’amour et l’admiration que Tu as su faire naître chez Ton maître :

MERCI PETIT PO-PAÏ.

            Pour votre patience et votre tolérance envers les deux amours susnommés de votre vie :

MERCI CATHERINE.

 

Signé : Annick

Agon-Coutanville, le 15 novembre 2000

 

 

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 Note de l'auteur :

Annick…

A la date où je construis ce site, tu n’es plus parmi nous. Malgré ton jeune âge, tu nous as quittés brutalement il y a deux mois. Tu as préféré rejoindre Tinou, n’est-ce pas ? Est-il heureux au moins de t’avoir retrouvée ?

J’ai voulu mettre en ligne intégralement toutes les historiettes que nous avons construites ensemble. Je n’ai pas souhaité qu’il y ait d’images car pour représenter le Paradis où tu te trouves, il n’y a pas d’image assez belle.

Je n’oublierai jamais Annick que si ces livres sur Po-Paï existent, c’est beaucoup grâce à tes encouragements. J’ai voulu t’écrire ces lignes en hommage posthume afin que toute la Terre en soit parsemée grâce au réseau internet. Les vois-tu de là-haut ?

Vois-tu comme c’est fabuleux les mots Annick : ils ne meurent jamais… Ils font toujours vivre ceux qui les ont écrits. Je te l’avais bien dit. Je pleure en écrivant ces mots mais je suis bien content quand même de t’avoir immortalisée…

Jamais nous ne t’oublierons Annick…

Nice, le 28 décembre 2002

François