Il marche au pied !

 

            Qui a dit que le chow-chow n’est pas obéissant ? Sans aucun problème, Po-Paï marche au pied. Deux petites conditions seulement sont à respecter.

 

            La première de ces conditions est qu’il pleuve. Peu ou beaucoup, cela n’a pas d’importance, quelques gouttes suffisent.

            La deuxième condition est de posséder un parapluie. Un pépin suffisamment grand pour abriter deux personnes.

            Ces deux conditions étant réunies, vous verrez votre chow-chow se mettre tout contre vous, sous le parapluie. C’est ce qui fait que Po-Paï se tient sagement près de mes jambes pour se faire mouiller le moins possible.

 

            Avant, ça ne pouvait pas marcher : je prenais un petit pépin !

 

            En effet, il n’y a pas tellement longtemps que je me suis aperçu de ce changement d’attitude chez Po-Paï. Comme toujours, ce sont ces petits détails de la vie quotidienne qui peuvent vous donner une vie de qualité ou pas selon que vous les remarquez ou pas. C’est toute la différence qu’il y a entre un chow-chow indiscipliné et un Po-Paï marchant fidèlement aux côtés de son maître.

            Avant, lorsqu’il pleuvait, jamais je ne prenais de pépin. Avant de connaître Po-Paï, je n’utilisais jamais de parapluie car je ne suis pas en sucre et je n’ai jamais considéré que quelques gouttes d’eau allaient me faire fondre. C’est comme ça : le parapluie n’a jamais fait partie de mes objets de première nécessité. Je considérais au contraire que ces quelques gouttes sur mon visage ou mon corps avaient une immense action bienfaisante. On est un sauvage ou on ne l’est pas. Moi, j’en suis un.

 

            Depuis que Po-Paï est en ma compagnie, je me suis civilisé. Ce chow-chow prend un air tellement dégoûté quand cette eau salvatrice venant du ciel lui tombe sur le dos que je me suis demandé s’il ne serait pas plus distingué pour moi de chercher à m’abriter. Comme beaucoup, j’ai vu dans la pluie quelque chose de maussade, de désagréable et de fortement incommodant. Avant, je n’y faisais pas attention ; depuis que j’ai vu la réaction de Po-Paï, j’ai décidé de me protéger.

            J’ai donc pris un petit pépin facilement transportable et que l’on peut glisser dans la poche une fois qu’il est replié. Seulement voilà : ce petit parapluie, une fois déployé, n’abritait que moi seul. Il n’était pas assez large pour que Po-Paï se mette en dessous à l’abri.

            Depuis que j’ai emprunté le parapluie multicolore de Catherine qui ressemble à un parasol, tout a changé. Po-Paï a vite compris où se trouve son intérêt. Il sait qu’en se tenant à mes côtés, sa magnifique fourrure sera un minimum humidifiée. Il marche au pied, comme le font tous les toutous obéissants.

 

            Tout compte fait, je n’aime pas cette image que nous donnons de nous : un Po-Paï renfrogné qui se tient étroitement collé à un François qui s’abrite avec snobisme sous un parapluie de femme. Je préfère que nous restions fidèles à nous-mêmes, à savoir :

            - il pleut, je tire sauvagement sur la laisse en bougonnant afin de faire sortir un Po-Paï qui freine des quatre pattes parce qu’il ne veut pas se mouiller.

            - je bougonne encore parce que, lorsque Po-Paï est mouillé par la pluie, il ne veut ni pisser, ni chier.

            - je bougonne parce que je suis tout trempé, et de voir ce chow-chow faire la gueule me fait faire la gueule.

            - je bougonne enfin lorsque nous rentrons parce que nous salissons tout l’appartement.

 

            Mais qu’est-ce qu’on se sent bien après en se séchant, hein Po-Paï ?

 

 

            Reprends ton pépin Catherine, tu risques de nous faire perdre notre personnalité.

 

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